Claude, 52 ans, handicapé des membres inférieur, est « chef de standard » depuis 27 ans
Il pourrait prendre la retraite dans 3 ans, mais c'est une chose qu'il n'envisage même pas. Fidèle au poste depuis près de 3 décennies, Claude trouve dans son travail une source de satisfaction dont il aurait du mal à se passer..
En 1983, j'apprends qu'un centre social se crée dans la ville et qu'un agent d'accueil et standardiste doit être recruté. Je décide donc d'écrire au Maire et à l'adjointe aux affaires sociales afin de postuler.
Ma «coquetterie dans la démarche » les a inquiétés d'autant que je sortais d'un CAT (centre d'aide par le travail) et que je n'avais pas d'expérience pour le poste concerné. Au final je suis rentré en accès direct comme stagiaire.
J'ai eu à effectuer plusieurs rapports de stages tout au long de la 1ère année et tout s'est bien passé.
Au terme d'une année de fonctionnement et formation, j'ai été finalement été titularisé.
Non, j'ai toujours travaillé à temps plein et c'est important pour moi. En fait dès que vous commencez à travaillez vous perdez pas mal de vos aides, donc le temps partiel est bien souvent inintéressant.
Par ailleurs, je mets un point d'honneur à être présent, sans absence, et à prouver tous les jours depuis 27 ans que je suis capable !
En 1999, on m'a proposé le poste d'accueil de la ville dans laquelle je vis. C'est une commune de 22 000 habitants et nous sommes deux à occuper les mêmes fonctions. Je suis donc aujourd'hui chef de standard. Ma collègue gère plus d'administratif et moi je suis plus dans « l'oral ».
Je suis un homme de contact et j'aime beaucoup parler. Donc j'essaie de répondre au téléphone et d'orienter les visiteurs avec le plus d'humour possible.
Je gère de 800 à 600 téléphones par jour.
Absolument. Même si il est dur et fatiguant parfois, j'ai une vie intéressante. Il est vrai que la fonction publique m'a permis de trouver un emploi et surtout la stabilité.
En tant qu'handicapé, il n'est pas facile de trouver des patrons qui vous font confiance sur la durée. Ils préfèrent payer des amendes plutôt que oser « prendre des risques ». Même dans ma commune d'ailleurs les quotas de 6 % ne sont pas respectés puisque nous sommes environ 4,5 % de personnes handicapées.
Toutefois la fonction publique m'a fait confiance et je ne peux que m'appliquer à rester investi dans mon travail.
Pas vraiment. Le service RH m'a indiqué que j'avais le droit de la prendre à 55 ans mais pour l'instant j'ai la forme et je ne m'en préoccupe pas.
Et vous savez, je suis un passionné de radio depuis toujours et mon standard c'est ma radio personnelle donc j'aurai du mal à m'en passer !