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Le témoignage de Michaël, contrôleur de gestion au Service de santé des armées

«Le travail interarmées était important et très enrichissant »

En 2007, deux ans après sa sortie d'école, Michaël prend part à l'opération LICORNE et est déployé en République de Côte d'Ivoire. Sa mission : seconder le médecin, chef des opérations médicales. Une expérience de quatre mois riche et variée pour ce futur père de famille.

Quelle a été votre réaction en apprenant votre désignation pour cette première OPEX ?

J'étais très content et impatient de partir. J'attendais ce départ depuis que je m'étais engagé. A cette période-là, ma femme était enceinte. C'est toujours un peu difficile de partir à ce moment-là, mais on s'est adapté.

Saviez-vous ce qui vous attendait une fois sur place ?

Oui. Par chance, mon épouse qui est aussi militaire, était partie un an auparavant en Côte d'Ivoire pour tenir le même poste que moi. De plus, j'avais eu l'occasion de discuter avec de nombreux camarades revenus de là-bas. La France était présente en Côte d'Ivoire depuis de nombreuses années. Je savais que les installations étaient bonnes, qu'à cette époque la situation était plutôt stable. Enfin, comme j'avais fait une partie de mes études à l'étranger, je n'appréhendais ni le dépaysement, ni le fait de plonger dans une autre culture.

Quelles responsabilités avez-vous tenues dans le cadre de cette opération ?

J'étais l'adjoint du médecin chef du théâtre. Je gérais les aspects administratifs et techniques qui se posaient au quotidien. J'organisais les évacuations sanitaires et les rapatriements vers la France. J'étais chargé de la gestion des personnels médicaux présents sur place (soit 150 personnes). Il fallait planifier les mouvements RH (relèves…) et organiser leurs déplacements/missions sur les différents sites. J'étais aussi responsable des achats et de l'approvisionnement, du suivi comptable et de la gestion des stocks de matériels médicaux. J'intervenais dans divers projets comme le déplacement d'une antenne chirurgicale d'un point à un autre du pays ou l'organisation de missions spécifiques au service de santé.

En parallèle, j'étais l'officier de liaison (rôle de représentant et de coordonnateur) entre le service de santé et les différentes composantes de l'armée française présentes sur le théâtre (Armée de terre, Armée de l'air, Marine).

Dans quelle mesure votre formation vous a-t-elle aidé à tenir ce poste ?

Elle m'a permis d'acquérir toutes les bases techniques - en ressources humaines, achats, logistique… En opération extérieure, vous pouvez mettre toutes ces connaissances en pratique et rencontrer des problématiques variées. Cela demande plus d'adaptabilité qu'en métropole, où l'on tient souvent un poste de spécialiste !

Avez-vous vécu des moments un peu délicats ?

Dans le cadre du soutien médical apporté en opération, vous pouvez bien évidemment être amené à gérer des situations assez dramatiques. Durant ma mission en Côte d'Ivoire, il n'y a pas eu de combats, ni de blessés graves à rapatrier. Plus tard lorsque j'ai été engagé en Afghanistan, c'était un peu différent…

Que vous a appris cette première expérience à l'étranger ?

Elle m'a aidé à mieux comprendre le mode de fonctionnement et les préoccupations des autres armées présentes sur le terrain. Ce travail interarmées était important et très enrichissant, tout comme les relations avec les forces armées locales.

Comment avez-vous géré la séparation familiale alors même que votre femme était enceinte ?

Nous avions un poste internet au sein de notre unité. Grâce à cela, j'étais en contact avec ma femme plusieurs fois par semaine. Je pouvais la voir et suivre l'évolution de sa grossesse. Nous pouvions aussi nous joindre par téléphone ou par courrier sans problème. Selon le type de mission, de zone, le contact avec la famille peut être plus limité et la distance plus difficile à vivre.

Finalement, êtes-vous rentré à temps pour assister à la naissance de votre enfant ?

Avant de quitter Abidjan, j'ai appelé mon épouse. Tout allait bien. En arrivant à Roissy, j'ai été accueilli par mon beau-père qui m'a emmené directement à la maternité. J'ai vite ôté le haut de mon treillis, passé une blouse médicale et rejoint ma femme en salle d'accouchement. Notre enfant est né une heure après. Le timing était parfait !

Avez-vous un conseil à donner à un jeune commissaire des armées prêt à vivre sa 1ère OPEX ?

Je lui conseille de faire preuve d'humilité et de ne surtout pas arriver dans un pays en conquérant ou en vainqueur, mais comme un invité et de se comporter comme tel, avec beaucoup de respect pour les populations, les coutumes et les forces armées locales. Il lui revient de s'intéresser et de s'adapter à leur environnement et non le contraire, et de les traiter sur un pied d'égalité.