Les épreuves de culture générale de 180 des 600 concours de la fonction publique vont être révisées, dans l’objectif d’une plus grande justice sociale. Elles seront remplacées par des épreuves de connaissance, davantage tournées vers le métier.
Le secrétaire d'État à la Fonction Publique, avait annoncé son souhait de « marginaliser l'épreuve de culture générale » dans les concours administratifs, voire de la supprimer dès 2009 pour les catégories B et C. C'est selon lui 'le signe d'un élitisme stérile' qui pénaliserait les candidats issus des milieux ouvriers ou de l'immigration.
Pas faux à première vue ! Mais attention de ne pas tomber dans un rejet de toute culture au bénéfice d'une simple connaissance professionnelle cantonnant les agents dans des rôles d'application d'un savoir faire. Certes, il s'agit de la tendance qui, de surcroît faciliterait l'obtention des concours sur des critères réellement professionnels et diminuerait l'inflation de connaissances nécessaires – parfois sans liens avec le poste visé - et la réussite de candidats surdiplômés ou « bête à concours ». Donner une chance à des candidats qui n'ont que le BAC de réussir un concours de catégorie B ou des élèves sortant de BEPC pour un concours de catégorie C au détriment d'étudiants sortants d'un cursus universitaire est une bonne chose pour la justice sociale.
L'adaptation de cette épreuve paraît effectivement nécessaire. Sa suppression totale, au nom de son inutilité, en prétextant une économie de moyen dans l'organisation des concours et en arguant du principe d'égalité pose quand même quelques questions : Des agents moins cultivés, plus spécialisés, avec des connaissances exclusivement « pro » ne seraient-il pas plus dociles ? Si l'on supprime les épreuves de culture générale, n'est-il pas possible de le faire également pour son enseignement au collège et au lycée, puisque cela ne servira plus à rien pour la progression professionnelle ?
Un agent de catégorie C, sans aucun éveil ni ouverture à la culture et au goût d'apprendre n'aura-t-il pas plus de difficulté à gravir les échelons d'une administration jusque là rêvée par beaucoup comme un modèle d'ascension sociale ? Cette mesure, sous des aspects de justice sociale, de très minimes économies de moyens, de facilité accrue de réussite et de professionnalisation des agents, risque de se retourner contre ceux pour qui elle semble être programmée : les candidats peu qualifiés en premier qui se verront cantonnés dans des tâches d'exécution très spécialisés ; les administrés surtout qui auront à faire à des agents dans l'incapacité de moduler les consignes.
Au final, ce sont les épreuves de 180 des 600 concours de l’état qui seront révisées. Cependant Eric Woerth et André Santini ont bien précisé «ne pas vouloir affaiblir le concours. Il reste le moyen le plus démocratique d’accès à la fonction publique». Les épreuves de culture générale seront donc remplacées par des épreuves de connaissance tournées vers le métier comme par exemple « un candidat au concours de gardien de la paix sera susceptible d’être confronté à des questions portant sur les tribunaux plutôt qu’à un QCM portant sur le nom du secrétaire général de l’ONU ».
En résumé moins de culture « générale » mais une culture générale dans sa « spécialisation ».