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Le témoignage de Joris, commissaire au sein d'un régiment de l'armée de terre

«J'ai bénéficié d'une autonomie bien plus importante qu'en métropole »

A 25 ans, à peine un an après sa sortie d'école, Joris effectue une opération extérieure en Côte d'Ivoire. De juin à novembre 2013, il assura le suivi budgétaire de l'ensemble de la force Licorne. Cinq mois très formateurs.

Comment vous êtes-vous préparé à cette première OPEX ?

En plus de ce que le régiment organise tout au long de l'année, j'ai bénéficié d'une formation accélérée sur le tir et le secourisme, et suivi pendant une semaine un stage sur un logiciel financier. C'était indispensable pour tenir le poste sur place. En parallèle, j'ai reçu un dossier d'information très complet sur la Côte d'Ivoire, ce qui m'a permis de me familiariser avec les aspects politiques, économiques, sociaux et culturels du pays. J'ai complété ces données en allant sur des sites internet et en lisant des revues.

Connaissiez-vous l'Afrique ?

Pas du tout. C'était ma première expérience sur le continent, mais je me suis rapidement adapté. En Côte d'Ivoire, le camp existe depuis de nombreuses années et les infrastructures sont confortables. On peut être surpris par la chaleur qui, en arrivant, est assez étouffante mais on s'y fait facilement.

Comment ont réagi vos proches à l'annonce de votre départ ?

Ils savaient que je devais faire une mission à l'étranger dans les deux ans qui suivent la sortie de l'école. Je les avais donc prévenus bien en amont de cette éventualité. De ce fait, quand je leur ai annoncé mon départ, ils n'étaient pas vraiment surpris. Je leur ai parlé de la situation sur le théâtre en toute transparence. Je pense qu'il est important de préparer sa famille. C'est pour elle que c'est le plus compliqué.

Quelles ont été vos responsabilités une fois sur place ?

J'étais chef du bureau Budget Finances. J'assurais le suivi du budget de l'ensemble de la force Licorne et l'exécution de toutes les dépenses. Le budget couvrait différents domaines : le fonctionnement, les transports, l'alimentation, les télécommunications… Je restituais les réalisations budgétaires aux échelons supérieurs.

De plus j'étais chef de la section de la direction du commissariat qui regroupe l'ensemble des personnels militaires dépendant de la direction du commissariat (DIRCOM). J'étais l'intermédiaire entre le capitaine commandant la compagnie, à laquelle les personnels de la DIRCOM sont rattachés, et lesdits personnels pour tout ce qui concernait les problématiques administratives (dossiers-documents des personnels), disciplinaires (pour les sous-officiers) et techniques (matériels techniques des personnels).

Avez-vous été surpris entre la réalité du théâtre et la formation reçue ?

J'avais eu des cours sur le soutien logistique des forces déployées en opération. Une fois sur le théâtre, ils prennent tout leur sens et sont bien utiles. Même s'il faut bien sûr ajuster la théorie à la pratique…

Quelles différences avez-vous notées entre votre poste en Côte d'Ivoire et celui tenu en France ?

En France, je m'occupe principalement de la programmation du budget des activités du régiment. En Côte d'Ivoire, je gérais à la fois les aspects budgétaires et financiers de toute la force armée présente.

De plus, j'ai bénéficié d'une grande autonomie. Le cadre opérationnel impose d'être efficace et réactif : les contraintes organisationnelles sont allégées, les filtres hiérarchiques moins nombreux. Ce sont des conditions de travail différentes de celles rencontrées dans l'administration en France. Et j'avoue qu'elles m'ont bien plu...

Pouvez-vous nous raconter une journée-type ?

Nous nous levions assez tôt le matin, pour débuter le sport vers 6h30 avant la chaleur. Les infrastructures sportives sont nombreuses. Toujours à cause des températures, la journée était entrecoupée d'une pause du midi qui pouvait se prendre de 12h00 à 15h00 et nous finissions globalement en début de soirée. Je m'étais porté volontaire pour donner des cours de français au personnel civil local qui le souhaitait. Cette activité m'occupait deux fois par semaine entre 13h30 et 15h00.

Aviez-vous la possibilité de sortir du camp ?

Toutes les sorties sont réglementées, il faut montrer patte blanche... Le week-end, nous pouvions passer des moments de repos et de détente hors du camp, mais dans une zone bien délimitée.

Que retenez-vous de ces cinq mois en OPEX ?

C'était une expérience très intéressante et formatrice sur le plan professionnel car j'occupais un poste différent. Humainement, on apprend beaucoup sur soi-même et sur les autres. Par exemple, on ne peut pas deviner comment on va réagir à une séparation familiale si on ne l'a jamais vécue. Pour ma part, elle s'est bien passée. En tout cas, cette expérience m'a motivé pour repartir. Pas dans l'immédiat, car il faut laisser le temps à tout le monde de souffler. Et pas forcément sur le même poste. Par contre, peu importe le théâtre d'opération.