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Entretien avec J-M X…, conseiller d’insertion et de probation (CIP) à la direction des services pénitentiaires du Rhône

Entretien avec J-M X…, conseiller d’insertion et de probation (CIP) à la direction des services pénitentiaires du Rhône

Le conseiller d'insertion et de probation dépend de l'administration pénitentiaire. Il intervient auprès de délinquants majeurs (détenus ou probationnaires). Il peut exercer en milieu fermé, c'est-à-dire en maison d'arrêt, en centres de détention ou en centrales, mais également en milieu ouvert, dans des comités de probation et d'assistance aux libérés.

Sa mission consiste essentiellement à favoriser la réinsertion des délinquants majeurs et à lutter contre la récidive, mais cette mission s'exerce différemment selon le champ d'intervention.

L’accès à ce métier se fait par voie de concours, et les salaires mensuels sont compris entre 1432 € en début de carrière, et 2526 € en fin de carrière.

Quel est le rôle du CIP ?

Nous travaillons dans la perspective de la sortie des détenus. Les personnels de surveillance participent au projet de réinsertion en aidant les prisonniers à retrouver, au quotidien, un rapport aux autres dans le respect des valeurs humaines ; nous sommes là pour suivre et accompagner les détenus dans l’intégralité de leur processus de réadaptation à une vie sociale. Nous avons une vision globale de la peine. Nous devons en assurer sa cohérence, de la prise en charge à l’entrée, jusqu’à la sortie et même après pour prévenir la récidive.

Plus précisément, quelles sont vos missions ?


Nous devons accueillir toutes les personnes « placées sous la main de la justice », quelles soient incarcérées ou non (placées sous contrôle judiciaire par exemple). Nous devons leur faciliter l'accès aux dispositifs sociaux, aux soins, aux ateliers de travail à l’intérieur de la prison et à la formation. 

En milieu fermé, nous proposons directement aux détenus de participer à des activités ou de s’inscrire à une formation. Nous les aidons dans leur correspondance et leurs démarches. Nous participons beaucoup au maintien des liens familiaux avec l’extérieur. Nous travaillons également pour traiter les problèmes d'indigence, d'illettrisme et de toxicomanie. Bref, sur tout ce qui pourrait entraver une bonne réintégration dans la vie sociale à la fin de la peine.

Les magistrats nous consultent pour les aménagements de peine. Nous sommes le lien entre les détenus et les autres services judiciaires pour évaluer chaque situation de détenu et adapter au mieux sa peine avec ses difficultés et ses progrès.

A l’extérieur des établissements (en milieu ouvert), en général au sein d’un tribunal, nous nous assurons du respect des obligations imposées aux personnes condamnées à des peines restrictives ou privatives de liberté (travaux d'intérêt général, libération conditionnelle, placement sous surveillance électronique...). Il est important de leur expliquer les raisons de la peine pour une bonne dynamique de réinsertion.

Avant l’incarcération, nous accueillons les personnes placées sous contrôle judiciaire en tentant d’éviter l’incarcération ou la réincarcération. Pour les jeunes de 18 à 21 ans, le juge d’instruction doit nous consulter pour réaliser une enquête sur leur situation socioprofessionnelle. Nous avons là un rôle très concret pour trouver des mesures alternatives à l’incarcération (travail d’intérêt général, sursis avec mise à l’épreuve…) ou des aménagements de peine (en cas de courtes peines : semi-liberté, libération conditionnelle).

Quel est l’intérêt de métier ?

Nous sommes au carrefour de la vie carcérale et de l’exécution des peines.

Nous avons tout un réseau de partenaires institutionnels, associatifs et privés pour aider au mieux les personnes condamnées à saisir toutes les opportunités d'insertion : soins, éducation pour la santé, formation professionnelle, action culturelle, sport, travail, enseignement. C’est un métier totalement relationnel de synthèse et d’adaptations individuelles des moyens pour un seul objectif : rendre un individu à la société dans les meilleures conditions. C’est passionnant. Suivre l’évolution d’une personne condamnée, l’aider à retrouver un emploi et une place dans la société est particulièrement gratifiant, même si les difficultés de notre métier sont nombreuses.

Dans quel rapport hiérarchique intervenez-vous ?

Nous sommes sous l’autorité du directeur de l'établissement pénitentiaire dans le cas d’un poste en milieu fermé, d’un chef des services ou d’un directeur d'insertion et de probation en milieu ouvert.

Pour un candidat au concours, quelles qualités sont nécessaires à l’exercice du métier ?

De très nombreuses. Le sens de la psychologie et surtout des qualités humaines d’écoute et de compréhension. Mais il faut également pouvoir utiliser les éléments retirés des rapports humains. Il est important de savoir faire une analyse très fine et une synthèse de la situation des individus en combinant environnement social, situation psychologique, situation familiale, professionnelle quand il y en a une, etc.

Ensuite, il faut être capable de mettre en adéquation des moyens concrets pour atteindre un objectif de réinsertion avec des connaissances juridiques et sociales, des qualités d’animateur de réseau, des capacités de persuasion et d’éducation envers les détenus.

Le rapport à la misère humaine est souvent difficile (indigence, illettrisme, toxicomanie, violence). On rencontre très souvent des situations humainement totalement insoutenables. Il faut beaucoup de force de caractère et de capacité de recul pour faire carrière. Mais c’est un avantage de l’administration pénitentiaire de pourvoir s’appuyer sur une structure solide où la complémentarité des missions fonctionne : surveillants, magistrats et services d’insertion.

Les personnels font dans cette administration, en générale, des carrières longues.

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