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Une journée avec Jean-Michel, agent technique de l'environnement en Saône et Loire.

Une journée avec Jean-Michel, agent technique de l'environnement en Saône et Loire.

Le concours d’Agent technique de l’environnement est un concours de catégorie C. Il permet d’accéder à des postes tels que Garde pêche, Garde des parcs naturels ou Garde chasse.

Les agents techniques de l'environnement interviennent dans l'une des trois spécialités suivantes : espaces protégés, milieux et faune sauvage ou milieux aquatiques.

La rémunération en début de carrière est de 15 858 €/an, et peut atteindre jusqu’à 20 123 €/an en fin de carrière.

Ils participent, sous l'autorité de leur hiérarchie, aux missions techniques et de police de l'environnement dévolues aux établissements et aux services dans lesquels ils sont affectés, dans le domaine de la protection de la faune et de la flore, de la chasse, de la pêche en eau douce et de la protection des espaces naturels.

La brume et le soleil se lèvent sur la rivière, un peu au nord de Chalon sur Saône. Il fait encore très frais en cette fin avril. A 5 heures, nous suivons Jean-Michel, agent technique de l’environnement au département de la Saône et Loire.

"Dites-moi,  est ce qu’il faut se lever toujours aussi tôt dans votre métier ?"

"Aujourd’hui, c’est un peu exceptionnel, on va effectuer un comptage des nids sur la berge et il faut arriver avant le réveil des oiseaux. En général, on commence assez tôt, vers 6 heures, comme pour tous les métiers en rapports avec la nature."

1er nid, ce sont des cygnes. Jean-Michel examine de loin et note le nombre de jeunes, leur état de santé apparent. Nous allons poursuivre pendant plus de 2 heures cette randonnée matinale. En réalité, il ne s’agit pas simplement d’observer les nids des différentes espèces d’oiseaux qui peuplent les berges, mais aussi de noter l’état de la végétation, les dégradations opérées par le bétail, les éventuelles traces de polluants. Nous croisons un autre promeneur matinal avec une canne à pêche et quelques nasses ; un peu gêné. Jean Michel, très cordial, lui demande ce qu’il fait si tôt et surtout avec du matériel de pêche.

"Je vais plus loin, après le pont du canal pour m’installer. J’y serai d’ici ½ heure."

"Très bien, mais vous savez que vous ne devez pas pêcher avant 6 heures 30. Si vous dépassez le pont, vous êtes hors de la réserve de pêche, c’est bien, mais ici, c’est interdit." rappelle Jean Michel, toujours cordial.

"Oui, je sais, c’est pour ça que je vais là-bas."

Après quelques pas, Jean Michel m’explique :

"En fait, je pense qu’il était déjà installé un peu plus haut et qu’il nous a vu venir. Alors il a choisi de changer de place.'

" Ca arrive souvent ?"

" Les membres des sociétés de pêche respectent la réglementation, les habitants du coin, habitués des berges, moins. Ca fait partie de mes missions d’expliquer les contraintes règlementaires. Les gens ne conçoivent pas pourquoi on les empêche de pêcher à certaines heures et dans certains endroits. Il faut beaucoup pédagogie pour faire comprendre l’importance de la préservation des sites et la faune."

" Ca consiste en quoi, être agent de l’environnement ?"

'Moi, je suis dans la spécialité « milieux aquatique ». Je m’occupe, au sens très large, d’une portion de rivière, environ 30 km de long sur les deux rives. Je fais office de ce que l’on appelait jadis les « gardes pêches » et mes collègues des spécialités « Espaces protégés » et « Milieux et faune sauvage » remplacent les anciens « gardes chasse ». Donc à ce titre, on fait respecter les lois et règlements en matière de pêche et de chasse. Mais nos missions s’étendent bien au-delà.'

Et Jean Michel continue avec humour :

" Je suis les yeux… et les jambes… de mon supérieur, technicien de l’environnement.  Et surtout  je suis son ambassadeur… Il faut aussi être en grand diplomate pour exercer ce métier."

Devant mon étonnement, il explique :

" Les milieux naturels sont très complexes. Nous devons veiller à la faune et à la flore mais des hommes y vivent, avec une histoire communautaire, des coutumes et des pratiques qui remontent à plusieurs générations. Ces territoires sont porteurs de traditions agricoles qui font vivre des familles, d’activités économiques comme la batelerie. Mes 30 km de rivière ne sont qu’une partie d’un tout qui est alimenté par des zones en amonts avec leurs spécificités. La gestion de mon secteur influence les zones avals. Et tous ces facteurs interagissent.  Une décision d’interdiction dans un but de protection d’une espèce peut être lourde de conséquence pour un agriculteur, comme une autorisation de faire boire des troupeaux sur une berge peut mettre en danger des poissons frayant en aval. Donc, il faut expliquer, écouter, négocier, compatir, comprendre, expliquer à nouveau pour que la protection du milieu soit acceptée. La contrainte ne doit être utilisée qu’en dernier ressort. En plus, il faut avoir une vision globale de toute cette complexité : géographique, humaine et économique."

" Votre supérieur ne participe pas à ce travail de terrain ?'

"Beaucoup moins. Il vient très régulièrement, mais son rôle est plus administratif : réunion à la sous-préfecture avec les associations de pécheurs, les groupements de protection de la nature, les syndicats de bateliers ou d’agriculteurs. Son travail comporte une partie technique importante d’étude de dossiers, de réalisation de plans. Certes il est plus impliqué dans les prises de décision que moi, mais je ne l’envie pas."

"Pourquoi, c’est peut être plus confortable d’être moins exposé aux aléas du temps ?"

"Ce n’est pas de l’inconfort de travailler dehors. Un lever ou un coucher de soleil, la douceur des journées de printemps ou d’automne n’ont rien avoir avec le confort, même la pluie ou la neige. C’est un choix et un agrément rare. J’aime mon poste. Je suis à la croisée de tous les acteurs. Je dialogue avec les usagers, les agriculteurs, les membres des associations de protection, les bateliers, je participe à la réflexion et la mise au point des projets grâce à ma connaissance du terrain. Les agents techniques sont une vraie force de proposition pour tout ce qui touche à la valorisation du patrimoine naturel. Nous avons une vision d’ensemble de notre zone et en liaison avec les collègues nous percevons l’ensemble du cours d’eau, non pas sur plan, mais dans la réalité. A la réflexion, ce qui me plait le plus, ce sont les sorties pédagogiques des écoles qui viennent voir le milieu naturel. Tenez, vous allez avoir un exemple concret de notre rôle de diplomate et de pédagogue. Il est 8 heures, on va boire le café dans un élevage de vaches laitières. Il faut mettre au point avec l’agriculteur un droit d’accès pour abreuver ses bêtes. On se limite au café même si on est en Bourgogne, je suis en service !'

Pour consulter la fiche d'information de ce concours, cliquez sur l'intitulé ci-dessous: